Cet été Capital.fr présente un dossier consacré aux innovations qui ont marqué notre histoire. Une sélection des grandes ruptures technologiques d’hier et de demain.

Aujourd’hui, pleins feux sur la technologie numérique qui a bouleversé la communication entre les hommes.

Depuis l’invention de l’imprimerie au XVe siècle, jamais la technologie n’avait autant bouleversé la communication entre les hommes. Grâce aux avancées du XXe siècle (cinéma, radio, télévision, téléphonie mobile, Internet…), nous avons progressivement appris à produire et à faire circuler l’information sous toutes ses formes.

Aujourd’hui, ces innovations se combinent (la fameuse «convergence») et deviennent accessibles au plus grand nombre, à tout moment et en tout lieu, à l’aide d’un seul appareil qui n’a même plus besoin de support matériel (CD ou DVD) pour fonctionner. La révolution numérique est en marche, et elle ne fait que commencer. Ses conséquences s’annoncent considérables : amélioration de la productivité du travail, accélération de la mondialisation, nouvelles façons d’acquérir des connaissances (au foyer, sur son écran) et de consommer (l’e-commerce). Un véritable changement de civilisation.

3300 avant J.-C. : L’écriture
Il y a un peu plus de cinq mille ans, en Mésopotamie, un événement majeur change l’histoire : les Sumériens, qui seront suivis par les Egyptiens, les Mayas, les Phéniciens et les Chinois, inventent l’écriture. Sans doute la plus grande avancée de l’humanité depuis l’apparition du langage, cent mille ans auparavant.

Le pays de Sumer (l’Irak actuel) est alors déjà urbanisé. Pour enregistrer leurs transactions, marchands et artisans utilisent des jetons (les «calculi») de formes différentes. On les glisse dans une sphère creuse en argile sur laquelle est imprimé le sceau du propriétaire. Vers 3300 avant J.-C., on grave sur les sphères des pictogrammes indiquant leur contenu, afin de ne pas avoir à les casser lors des contrôles.Les jetons vont ainsi devenir inutiles, les sphères s’aplatir jusqu’à céder la place à des tablettes et les pictogrammes se transformer en caractères cunéiformes. L’homme a donc appris à compter avant de commencer à écrire, et c’est l’économie, plus précisément le commerce, qui a généré cette révolution.

105 : Le papier
Les Chinois ont inventé la soie, la porcelaine, la poudre, la boussole, le gouvernail, l’horloge, le compas, le parapluie, les allumettes, la brouette… Mais leur découverte la plus fondamentale pour la civilisation occidentale fut sans doute le papier, qui a donné naissance à notre culture de l’écrit.

L’eunuque Cai Lun, haut fonctionnaire à la cour de l’empereur Hedi (88-106), fut le premier à mettre au point un procédé de fabrication à partir d’un mélange d’écorces d’arbres, de lin, de vieux chiffons et de filets de pêche usagés. Mais son secret ne fut divulgué au Moyen-Orient et en Europe que sept siècles plus tard, quand les Arabes, victorieux de la bataille du Talas en 751, réussirent à l’extorquer à leurs prisonniers chinois. Le procédé se diffusa ensuite en Espagne et en Italie, puis en France au XIIIe siècle, signant la fin du parchemin.

https://youtu.be/uXNFq1bUoT8

1454 : L’imprimerie
On apprend à l’école que, durant des siècles, scribes et moines ont usé leurs yeux à recopier des manuscrits, jusqu’au jour où l’Allemand Gutenberg a inventé l’imprimerie. C’est en partie faux. Le principe de l’imprimerie, qui consiste à graver une empreinte à l’envers, à l’enduire d’encre et à l’appliquer sur une feuille en plusieurs exemplaires, existait déjà en Asie au VIIe siècle. Gutenberg n’a pas non plus découvert la typographie mobile, qui consiste à fabriquer une fois pour toutes un jeu de lettres et de symboles, que l’on réorganise au gré du texte : la technique était connue des Chinois depuis le XIe siècle.En revanche, c’est bien lui qui a mis au point la première presse à imprimer, avec laquelle il publia une bible dès 1454. Cette technique permit de réduire considérablement le coût de fabrication des ouvrages. Jusqu’alors produit de luxe, le livre put ainsi se «démocratiser». Même si, à l’époque, peu de gens savaient lire, même si les trois quarts des textes étaient en latin et traitaient de religion, la diffusion du savoir qui en résulta transforma le monde (un peu à la manière d’Internet aujourd’hui). C’est en grande partie à l’imprimerie que l’on doit la Renaissance.